Illustration sur la gestion de la peur à moto

Comment gérer la peur à moto ?

La peur à moto est un phénomène tout à fait naturel, qui peut poser problème aux débutants en phase de passer leur permis A comme aux motards les plus chevronnés qui ont déjà de nombreux kilomètres au compteur. La peur d’échouer à l’examen du permis moto n’est pas la peur dont nous allons parler ici. L’objectif de ce guide est d’expliquer l’appréhension qui s’empare parfois du motard lorsqu’il est au guidon ou lorsqu’il envisage de faire une sortie à moto, et de vous donner quelques conseils pour éviter que cette appréhension ne vienne gâcher votre plaisir à moto.

Attention : il existe une réelle pathologie liée à la peur de conduire que l’on appelle l’amaxophobie. Cette dernière est prise en charge par les psychiatres et les psychologues et va au-delà des points que nous traitons dans ce guide. Lorsque l’on est atteint de ce trouble psychique, la peur empêche quasiment de prendre le volant ou le guidon, et les patients vont mettre en œuvre des stratégie d’évitement (en utilisant d’autres moyens de transport) pour éviter d’avoir à conduire. Ici nous parlons plutôt d’une angoisse sourde qui vient vous priver du plaisir de la moto, bien que vous parveniez quand même à vous mettre en selle.

Un phénomène naturel

La peur à moto est un phénomène tout à fait naturel, que tous les motards connaîtront à un moment ou à un autre de leur vie à deux roues. Généralement, l’appréhension est plus présente chez les jeunes motards qui n’ont pas encore accumulé beaucoup de kilomètres. Le fait de ne plus être encadré par un moniteur suite à l’obtention du permis, les complexités de la circulation notamment dans les agglomérations, les difficultés liées aux intempéries ou bien encore le comportant parfois absurde des autres usagers de la route peut renforcer cette peur initiale chez le jeune titulaire du permis moto. Chez certains motards, la vitesse peut être un facteur aggravant de ce malaise, avec une difficulté à rouler sereinement sur l’autoroute par exemple, ou bien un désintérêt total pour la moto sur piste, la simple idée des grandes vitesses en deux roues créant un blocage psychologique total dans la tête du motard.

Il n’est pas rare de lire des témoignages de motards qui affirment qu’ils ne sont pas stressés lors de sorties en groupe, mais qu’ils appréhendent toutes les sorties en solitaire. On retrouve un schéma proche de celui du jeune motard qui vient de quitter la moto-école, puisque ce dernier est souvent impacté par la totale autonomie dans laquelle il se retrouve.

La bonne nouvelle est qu’il existe des méthodes pour s’affranchir de cette appréhension et découvrir (ou redécouvrir) le plaisir de rouler à moto en sécurité, sans une inquiétude sourde et permanente qui vient gâcher tout le plaisir. Certaines de ces solutions relèvent du choix du matériel (que ce soit le type de deux-roues ou le matériel de protection), d’autres sont plutôt centrées sur l’état d’esprit et les biais psychologiques qui peuvent impacter mêmes les plus téméraires d’entre nous.

Une peur qui peut s’installer avec le temps

L’autre cas de figure de la peur au guidon, c’est celui de la peur qui s’installe avec le temps. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’appréhension ne vient pas toujours à la suite d’une chute, et certains motards ne se sentent plus en confiance après quelques années malgré une absence complète d’accidents à deux roues.

Cette peur qui s’installe doucement est souvent le fruit de la réelle frayeur qu’on a dû affronter sur la route. Des situations dangereuses auxquelles on n’a pas bien réagis, un manque de visibilité dans un contexte de mauvais temps qui vous à fait procéder à un freinage d’urgence, une roue qui commence à glisser dans une flaque d’huile ou bien encore un animal qui traverse la route subitement : autant de situations qui peuvent déclencher une forte accélération du palpitant et parfois laisser quelques séquelles psychologiques bien que l’accident ait été évité.

Pourtant la peur est un élément important de nos processus d’apprentissage, qui peut se révéler salvateur et encore plus à moto. Sans le stress lié à ces événements considérés comme risqués, vous ne pourriez pas apprendre de vos erreurs et corriger votre conduite ou votre attitude à moto. En ce sens, il ne faut absolument pas chercher à supprimer entièrement la peur à moto ! Il est préférable de conserver des sources d’inquiétudes justifiées qui servent votre sécurité, tout en trouvant le juste milieu pour que votre plaisir de la moto ne soit pas impacté par des biais psychologiques.

Pourquoi l’appréhension au guidon n’est pas un facteur de sécurité ?

Certains pourraient penser que la peur au guidon est la meilleure méthode pour éviter les accidents, car elle pousse à la prudence. Malheureusement c’est plutôt l’inverse que l’on constate. Lorsque vous avez peur en moto ou en scooter, les erreurs deviennent beaucoup plus fréquentes, le positionnement du regard n’est plus assuré et la prise de décision est ralentie. Certaines fautes au guidon sont même entièrement imputables à la peur. Un bon exemple est le fait de ne pas accélérer en interfile pour se porter au devant des voitures à un feu rouge afin de vous assurer d’être visible par les automobilistes (point indispensable en agglomération). La peur à moto, de façon générale, ralentit votre prise de décision dans les moments critiques.

L’autre versant dommageable de la peur à moto est le manque de confiance dans votre véhicule. En effet, l’appréhension peut vous empêcher d’utiliser à fond les performances de votre moto, ce qui peut avoir un impact sur votre sécurité sur la route. Que ce soit lors d’une accélération brutale pour vous sortir d’une situation dangereuse ou bien d’un freinage d’urgence que vous n’allez pas appliquer à fond par crainte de patiner, le manque de confiance dans les performances de votre véhicule réduit votre marge de manoeuvre et peut s’avérer problématique dans ces situations.

Méthodes pour surpasser la peur à moto

Pour surpasser la peur à moto, il faut commencer par bien identifier les sources de l’appréhension. On peut constater une source principale, ou bien une myriade de raisons moins importantes. Chez certains motards, on ne trouve aucune source particulière mais plutôt une angoisse sourde liée à la pratique du deux-roues en général. En fonction de ces différents cas, il est important d’identifier l’origine de l’appréhension pour pouvoir la traiter.

Voici quelques pistes de réflexion à utiliser en fonction de ces différents points :

  • La peur suite à une chute ou un accident : il est nécessaire de faire une analyse honnête et réaliste de la cause de la chute ou de l’accident. Si vous restez dans le flou quant à la cause première de l’accident, vous vous placez dans une situation psychologique ou vous n’êtes pas certain de ne pas reproduire la même chute. Si la chute a été particulièrement traumatisante, un coaching privé sur piste peut-être une bonne idée. Au cours de la session, vous pourrez discuter avec un moniteur de moto-école disposant d’une grande expérience, qui viendra vous aider à définir les causes de l’accident, et pourra vous accompagner sur des exercices spécifiques destinés à vous affranchir de la peur spécifique par rapport à cette situation.

  • La peur déclenchée par plusieurs situations de stress dont le conducteur ne s’est pas entièrement remis : dans ce cas aussi, des stages spécifiques de roulage sur piste ou en circulation sont à envisager avec un moniteur de moto-école. Cette peur s’est installée dans le temps, et il est parfois nécessaire d’envisager plusieurs heures de cours pour en traiter tous les aspects. L’idée de ces sessions à moto est de renouveler votre confiance dans votre capacité à gérer votre véhicule, quelles que soient les situations. Votre moniteur va identifier les sources de votre stress, et en profitera pour corriger les mauvaises habitudes que vous avez pu cumuler au cours de vos années de pratique de la moto. Comme vous pourrez le constater, il est parfois fort agréable de revenir sur les bancs de la moto-école !

  • Dans le dernier cas, celui de la peur liée à la pratique de la moto en général, l’identification des causes précises n’est pas toujours possible. Une accumulation d'événements divers (sans relations directes avec la conduite d’un deux-roues motorisé) peut avoir changé votre état d’esprit au fil du temps. Un passage en moto-école est tout indiqué pour essayer de détricoter l’origine de cette angoisse, et il peut être intéressant d’en discuter avec un psychologue qui pourra vous aider à identifier la source de votre trouble et vous proposer des solutions adaptées. Dans certains cas, un changement de véhicule est suffisant pour retrouver confiance et plaisir à conduire ! Certains motards confirmés optent pour des cylindrées plus réduites, ou des motos avec un centre de gravité plus bas (moins sportive mais plus confortable) pour renouer avec le plaisir de la moto et ne pas développer d’appréhension supplémentaire. Sur ce dernier point il est important de se rapprocher de motards plus expérimentés (qui sont peut-être déjà passés par la phase que vous traversez) et qui viendront vous conseiller sur le choix de la bécane idéale pour vous permettre de reprendre la route en toute tranquillité.

Savoir dépasser sa peur à moto

Savoir dépasser sa peur est important, d’abord et avant tout pour votre sécurité, afin que vos réactions ne soient pas handicapées et que vous conserviez toute votre lucidité sur la route. Cependant, nous l’avons dit, la peur est aussi un moteur d’apprentissage important. Certains motards affirment qu’il est toujours préférable de conserver un peu d’appréhension pour rester prudent et profiter de la route plus longtemps.

Enfin, certaines inquiétudes sont tout à fait légitimes et ne doivent pas toujours être considérées comme un problème. Si vous n’avez pas enfourché votre moto depuis longtemps et que vous n’êtes pas à l’aise à l’idée de faire une sortie sous une pluie battante…abstenez-vous ! Faire en sorte que la pratique de la moto reste un plaisir avant tout ne sera jamais une mauvaise idée.