Illustration de l'article sur la méthode pédagogique des moto-écoles

Méthode pédagogique pour l’apprentissage de la moto

En France, il existe un document de référence concernant les méthodes pédagogiques d’apprentissage de la conduite. Ce document recouvre à la fois la conduite des deux-roues motorisés et des automobiles, il s’agit d’une préconisation sur les méthodes d’apprentissage à utiliser par le formateur au sein de la moto-école.

Ce document a eu plusieurs itérations, la dernière version utilisée s’appelle le REMC et a été mise en place par une ordonnance gouvernementale au cours de l’année 2013. Lui-même est inspiré d’un autre document rédigé en langue anglaise que l’on appelle la matrice GDE (Goals of Driver Education). L’origine de cette réflexion a émergé principalement au cours des années 1990 pour réduire le nombre d’accidents de la route et permettre une prise de conscience plus généralisée des dangers de la mobilité motorisée, la tendance principale au coeur de l'évolution historique des moto-écoles.

Intérêt d’une pédagogie propre à la moto

Les sciences de l’apprentissage et de l’éducation regorgent de méthodes pédagogiques qui sont d’ailleurs un sujet régulièrement débattu au sein de la sphère politique et sociale des différents pays. Au cours des dernières décennies, des décideurs politiques ont pris conscience de l’importance des méthodes pour améliorer la sécurité routière globale et surtout la prise de conscience des usagers de la route, pour responsabiliser le comportement de chacun face aux dangers de son propre environnement et de son comportement.

En ce qui concerne l’apprentissage de la conduite, il faut retenir que nous sommes face à un double apprentissage : un enseignement théorique qui porte sur un ensemble de règles à respecter (code de la route) et un enseignement pratique qui vous apprend à manier un véhicule. Le maniement du véhicule étant spécifique dans le cas d’un deux roues motorisé, il est nécessaire de mettre en place des appuis pédagogiques dédiés. A cette fin, le séquençage des éléments liés à l’apprentissage de la pratique de la moto découle d’une logique évidente (la phase de plateau, le maniement lent du véhicule, les entraînements à l’arrêt etc.). Ensuite, l’apprentissage en circulation lui aussi se fait étape par étape, afin de renforcer progressivement la confiance du conducteur en sa capacité à maîtriser son véhicule et à adopter un comportement sécuritaire face aux autres usagers de la route.

Cette méthodologie apparaît dès le début de l’apprentissage de la conduite, cependant le REMC vient appuyer des points spécifiques de stratégie pédagogique à utiliser au cours de ces différentes phases.

Un apprentissage actif de la moto et des deux-roues

L’objectif de cette méthode est de placer le futur usager de la route au centre de sa propre démarche d’apprentissage. Au lieu de lui donner des règles à suivre sans lui poser de questions, on vient s’assurer de la bonne compréhension par le conducteur des différents éléments clés de son comportement :

  • Le moniteur va lui poser des questions sur la logique de son comportement. Face à telle situation, quel comportement vous paraît le plus adapté et pourquoi ? Cette approche permet de personnifier l’apprentissage et de s’assurer que l’élève s’implique réellement dans la prise de décision.
  • Au cours des différents exercices et des mises en situation, il est important que l’élève puisse avoir conscience de son propre comportement. Pour renforcer son analyse, le moniteur de moto-école va lui demander de s’auto évaluer après chacune des sessions, en prenant des exemples concrets de situations qui viennent d’être vécues par l’apprenti. Dans cette configuration, pensez-vous avoir bien réagi ? Quels seraient les points d’amélioration que vous pourriez mettre en place la prochaine fois que vous croiserez le même schéma sur la route ?
  • Par rapport à tel ou tel comportement, pensez-vous avoir utilisé la conduite sécuritaire ? En utilisant cette question, le moniteur cherche à impliquer l’apprenti dans les potentialités de la route que l’apprenti n’a pas réellement croisé. En faisant appel à son imagination, il est possible d’améliorer la compréhension de l’apprenant sur la diversité des comportements qu’il sera amené à croiser au cours de sa vie de motard.

Le but secondaire de la méthodologie utilisée par le REMC est la prise de conscience de l’élève sur les éléments qui ne sont pas directement liés à la conduite proprement dite. Des questions sur le temps de réaction et la qualité des réflexes, par exemple, permettent de forcer la prise de conscience relative à la conduite des deux-roues motorisés sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants.

Avantage indirect d’une pédagogie active

En positionnant l’élève au coeur de son propre processus d’apprentissage, le moniteur de moto-école s’assure d’un élément très important au cours de la formation : celui-ci apprend à devenir un conducteur responsable et sécuritaire, et ne se contente pas d’apprendre les règles nécessaires à l’obtention du permis moto.

L’utilisation de la matrice GDE est pensée pour servir cet objectif. En insistant sur les éléments perturbateurs propres à l’élève qui peuvent influencer sa conduite, on augmente les chances que ce dernier soit conscient de l’impact de tous les éléments extérieurs sur son attitude derrière le guidon de la moto. L’impact de la fatigue par exemple, du stress lié aux retards, de la météo, vont venir influer sur la conduite du motard tout au long de sa vie. Il est donc indispensable de travailler sur la compréhension de ces éléments, même s’ils ne seront pas forcément vécus au cours de la phase d’apprentissage liée à l’obtention du permis moto.

C’est pour ce dernier point notamment que l’expérience du moniteur de moto-école devient rapidement indispensable pour l’apprentissage de l’élève. Au-delà du questionnement personnel et du débat avec le moniteur sur les situations hypothétiques, l’avis du moniteur sur des évènements qu’il a lui-même vécu au cours de sa vie de motard sont très importants pour le développement de l’élève. La matrice GDE permet d’aborder ces discussions simplement en s’assurant que l’élève en retire le maximum d’expérience. Dans le cas de l’apprentissage de la moto par exemple, le comportement des autres usagers est souvent le fruit de mises en situations particulières, des cas rares qui seront vécus ponctuellement par le motard. Prendre en considération dès le début la différence de visibilité entre une voiture et une moto, les comportements dans les bouchons de certains automobilistes dangereux pour les motards, autant de points dont il faut avoir conscience pour s’assurer la conduite la plus sécuritaire possible.